Les méthodes agiles sont devenues incontournables dans le monde du développement de logiciel.
Mais qu’en est-il dans d’autres domaines et pour des natures de projet différentes (lancement de nouveaux produits, projets RH, refonte d’organisation, organisation d’évènements…) ? Les principes du manifeste agile peuvent-ils s’appliquer à ces projets ?
Quand on pense aux méthodes agiles, on pense souvent d’abord à un processus itératif visant à développer les unes après les autres des fonctionnalités pleinement opérationnelles qui enrichissent pas à pas le produit final et optimisent la valeur créée pour le client et utilisateurs. On se dit alors que cette approche est difficilement compatible avec des projets qui doivent aboutir à un instant « t » à mise à disposition d’un produit totalement abouti. Si votre projet consiste à réaliser un évènement fastueux pour ponctuer le lancement d’un produit de luxe, toutes les composantes du projet doivent être en place je jour J : Lieu, invités, scénographie, égérie, signalétique, conducteur, dossier de presse, sécurité… Difficile alors d’imaginer comment gérer le projet de façon itérative.
Pour autant, bon nombre de projets hors informatique se prêtent parfaitement à une approche itérative. Le développement d’une nouvelle formation par exemple peut être décomposé en différents modules correspondant à des objectifs pédagogiques dont la valeur et l’importance pour la montée en compétence des apprenants peut être hiérarchisée et intégrés dans un backlog.
Mais au-delà de l’approche itérative, les méthodes agiles reposent sur des principes, définis dans le manifeste agile, qui s’appliquent à toute nature de projet.
Etudions ensemble 4 des 12 principes sous-jacents du manifeste agile et regardons comment ils peuvent se transposer à des projets hors informatique.
« Notre plus haute priorité est de satisfaire le client en livrant rapidement et régulièrement des fonctionnalités à grande valeur ajoutée. »
- Dans le cas de projets RH, dans quelle mesure est-ce que je vise à livrer rapidement et régulièrement des réponses, services, outils à grande valeur ajoutée pour les collaborateurs et leurs managers ?
- Si je prends l’exemple de la montée en compétence d’un collaborateur, puis-je me contenter de lui apporter la formation adéquate dans quelques mois parce que je n’ai pas réuni suffisamment de participants pour monter une session de formation ? Ou puis-je rapidement organiser son apprentissage via des séances d’accompagnement individuel avec un expert métier et des modules elearning ?
« Accueillez positivement les changements de besoins, même tard dans le projet. Les processus Agiles exploitent le changement pour donner un avantage compétitif au client."
- J’entends souvent des équipes de R&D ou d’autres contributeurs à des projets de lancement de produit se plaindre : « les plans marketing changent tout le temps ! ».
- Je leur réplique alors : « c’est que les marketeurs font alors bien leur métier et qu’ils savent capter les évolutions des besoins des clients/consommateurs . Les changements sont inéluctables, et la bonne ou mauvaise nouvelle, c’est qu’il y en aura de plus en plus ! »
- Devenir agile, c’est capitaliser sur ce que vous avez développé, apparemment en vain, pour que cela puisse bénéficier à des projets ultérieurs et mettre les watts sans tarder sur les changements à apporter pour être time to market.
"Les utilisateurs ou leurs représentants et les développeurs doivent travailler ensemble quotidiennement tout au long du projet."
- C’est un des principes qui nécessite souvent le moins d’effort pour convaincre l’équipe projet de l’appliquer. En revanche, c’est souvent le métier bénéficiaire du projet qui rechigne à investir le temps suffisant pour obtenir un produit final répondant parfaitement à ses besoins. Le métier aimerait avoir le projet clé en main sans s’y investir !
- Je rencontre souvent des ingénieurs méthodes en production, qui déplorent de ne pouvoir disposer de plus de temps des opérateurs qui bénéficient au final des nouveaux moyens industriels qu’il mettent en place.
« Un logiciel opérationnel est la principale mesure d'avancement . »
- Ce qui séduit souvent, et à raison, ceux qui découvrent les méthodes agiles, c’est le fait de pouvoir très vite et régulièrement bénéficier d’un produit (ou partie du produit) opérationnel et donc d’un ROI rapide. Plus besoin d’attendre 6 ou 9 mois que les développeurs indiens codent l’application sur la base des « specs » communiquées (et de constater une fois de plus qu’il y a un monde entre nos cultures quand on découvre le résultat de la leur production!).
- Se poser la question de la mesure d’avancement du projet, c’est challenger la façon dont on définit les objectifs du projet. C’est se dire que le projet n’est pas une fin en soi mais qu’il est au service du business. Si mon projet consiste à « mettre en place les méthodes agiles », quelle sera la mesure de l’avancement du projet ? Le nombre de formations dispensées ou d’acteurs des projets formés ? Le pourcentage de projets ayant basculé en mode agile ? Ou plutôt, l’évolution de la durée des cycles de vie projet, la maximisation du nombre de projets réalisés par rapport aux ressources disponibles et la satisfaction finale des clients/utilisateurs par rapport à ce qui est livré?
- Challenger nos pratiques et modes de fonctionnement à lumière des principes sous-jacents du manifeste agile est donc une démarche éclairante pour revisiter nos modes de gestion de projet et y introduire plus d’agilité, quelle que soit la nature des projets.
- En savoir plus avec notre formations sur les méthodes agiles.